BP Le Réseau WaB : une initiative créée par et pour les intervenants du secteur des assuétudes (BE)

par Amélia Ramackers de WaB (Belgium)

Le Réseau WaB réunit chaque mois différents types de services d’aide aux toxicomanes pour coopérer et composer des trajets de soins pour des usagers qui présentent des situations complexes et chroniques et pour lesquels il n’existe pas ou plus d’alternative au niveau local.

   

Constat

Certaines personnes toxicomanes ont de grosses difficultés à trouver leur place dans le système de soins ou errent d’un service à l’autre, dans le désordre et sans  progresser.

Historique

Trempoline a organisé en 2003 une formation basée sur « l’approche en systèmes intégrés » (ISA) de G. De Leon. Les professionnels ayant participé à la formation ISA créent en Mars 2007 le Réseau WaB dans une dynamique bottom-up. La Région Wallonne et Bruxelles-Capitale accordent un subside annuel à WaB pour l’engagement d’une coordinatrice de réseau.  

Support théorique

Le réseau WaB se réfère à deux modèles théoriques:

  1. L’Integrated System Approach (ISA) de Georges De Leon qui identifie dix étapes se rapportant au processus de changement chez un individu. ISA vise à construire un réseau de services de soins qui propose aux personnes toxicomanes un processus de changement continu avec des objectifs intermédiaires qui convergent vers une même finalité : le rétablissement complet.
  2. Le modèle de Prochaska et DiClemente qui identifie les étapes d’un processus de changement relatives à l’état motivationnel d’une personne et qui sont à envisager dans une perspective circulaire avec des allers-retours possibles. L’intervention d’une structure spécifique sera dépendante de l’état motivationnel présenté par le sujet, chaque service aidant ses usagers à avancer vers l’étape suivante.

Public cible

Toute personne dépendante aux drogues qui, du fait de sa situation psychologique, psychiatrique, physique, ou encore administrative, ou suite à un renvoi d’une institution ne peut plus trouver auprès des services de sa région des réponses à son besoin d’aide. 

Les services confrontés à ces impasses sont également les bénéficiaires du Réseau WaB.

Le Réseau WaB compte 19 services partenaires allant du bas seuil d’accès jusqu’au haut seuil d’exigence: travail de rue, services ambulatoires, hébergement d’urgence, maisons d’accueil, services hospitaliers de sevrage, communautés thérapeutiques de jour ou résidentielles.

Objectifs 

  • Mise au point de bonnes pratiques de coopération entre tous les services d’aide 
  • Faciliter la communication, le dialogue interprofessionnel et interinstitutionnel.
  • Formation continue des membres du Réseau WaB.
  • Evaluation des services proposés par le Réseau WaB.
  • Transposer le modèle WaB à d’autres secteurs que celui des assuétudes.

La concertation clinique, un outil innovant

Une journée de concertation clinique mensuelle est organisée entre professionnels (sans les usagers), pour élaborer des trajets de soins tirant parti de la diversité des ressources représentées dans WaB, cette réunion est itinérante à travers tous les services partenaires.

L’ordre du jour comprend les nouvelles Inclusions, les ré-inclusions, les suivis et les échanges de bonnes pratiques.

Les usagers doivent signer un consentement informé et  remplir la fiche d’inclusion.

Après les concertations, les professionnels proposent aux usagers plusieurs trajets de soins possibles. 

Exemple de proposition de trajets de soins pour un usager en rue qui est “inclus”:

  • 1er trajet de soins : Transit (hébergement d’urgence à court terme) pour se poser, Maison d’Accueil pour se loger, sevrage chez Revivo (Hôpital) puis postcure chez Trempoline (communauté thérapeutique).
  • 2ème trajet de soins : si pas accepté chez Revivo, le Centre Psychiatrique St Bernard est OK de le sevrer avant son entrée à Trempoline.
  • 3ème trajet de soins : une fois entré à Trempoline, si ça coince, une réorientation aux Hautes Fagnes (communauté thérapeutique) est possible.

Motifs d’inclusion

  • Manque de ressources au niveau local.
  • Epuisement des ressources locales, renvois, rechutes multiples, inadéquation.
  • Souhait de changer de zone géographique.
  • Urgence de la situation.
  • Accompagnement demandé par l’usager.
  • Accompagnement demandé par le professionnel.
  • Autre.

Résultats depuis 2008

  1. 58 situations cliniques sont discutées par mois et mobilisent plus d’une vingtaine d’intervenants issus des 19 structures actuellement membres du réseau 
  2. 111 usagers dans la file active. 
  3. 621 usagers ont été inclus, c.a.d.  3 x 621 trajets de soins proposés.
  4. 54 usagers sont décédés
  5. 30 outils ont été créés depuis la création de WaB (folder, cadastre, évaluation,…).
  6. Transposition du modèle WaB à 3 secteurs: défense sociale, précarité et emploi.
  7. Base de données informatique.
  8. Site internet : www.reseauwab.be

Profil des usagers

Les usagers sont en majorité des hommes entre 30 et 44 ans ayant souvent, déjà, un long parcours de consommation et des antécédents institutionnels compliqués ainsi que des problèmes judiciaires et/ou de santé mentale.

Dépendances: alcool (87%), cocaïne / cannabis (80%) et héroïne (67%).

Impact du réseau

  • amélioration positive sur 4 plans : situation socio-administrative, consommation, situation médicale et situation psychologique.
  • 88% d’impact positif sur les trajectoires de soins des usagers 
  • 84% des usagers pensent que la prise en charge WaB est bonne voire excellente.
  • 94% des professionnels membres du groupe de terrain sont satisfaits 

Écrivez à contact@ecett.eu si vous voulez entrer en contact avec l’auteure Amélia Ramackers.